mercredi 16 août 2017

MEMORY DE BLAISE


Barbra Streisand chante…



              







Mes mémoires
de 1 an à 85 ans






Des souvenirs en stock… Ayant eu une vie longue et aventureuse, j’en ai plein les tiroirs de ma mémoire. 
1000 mois que je vis ma vie. Ce qu’elle fut ? Vous allez l’apprendre dans cette trilogie où je dévoile les deux faces de ma personnalité, la sombre et la lumineuse.
Né à Genève autour des années 1930 – Agronome. Marié, plusieurs fois. Retraité. Philosophe. Écrivain. Pacifiste. Mondialiste. Aventuriste et j’en passe…
Avant de partir pour le grand voyage, je vide mes valises. Pour aller loin, faut voyager léger m’a-t-on dit, alors je m’allège. À 85 ans je peux enfin dire tout ce que je veux. Je provoque, je disloque, je soliloque, je me moque, je blogue. Ah la liberté… des Seigneurs (seniors) du temps… qui passe.


LES SEIGNEURS DU TEMPS sur Facebook.






J’ai débuté ce dialogue avec ma mémoire dès les premiers jours de ma retraite, je continuerai tant que j’aurai 2 doigts pour taper sur le clavier de mon Mac, un œil pour voir l’écran et que mes neurones seront capables de se connecter.





Je commence par égrainer les souvenirs de ces 1000 mois, oui je sais… j’aurais pu m’y prendre plus tôt, ça va en faire des sacs de grains… oui, mais avant je n’avais pas le temps, pas d’ordinateur, pas d’idée et surtout, maintenant que je suis à la retraite, du temps, j’en ai… j’en ai… beaucoup trop.


Les trois visages de Blaise


 GRAINE DE POTENCE (Apprentissage)
ALGÉRIE - RÉVOLUTION. Les années douleurs. 
TRAFICS  EN TOUT GENRE



Première partie de ma vie de 1 à 20 ans


       Pour acheter “GRAINE DE POTENCE“.



Cette première partie de ma vie que j’ai titré « Graine de potence » traite de mes années d’enfance heureuse, de mon adolescence tumultueuse et de la suite franchement peu recommandable. 
Tobias mon père; joueur, antiquaire, libertaire, anarchiste et la belle Hélène ma mère ; écrivaine, rêveuse, poétesse, pudique, modiste. 



Maman sur un toit !!
Devant la cathédrale
de St. Pierre
Genève 1930.
Mais…que fait-elle là ?


Moi Blaise, le “bo-bb“ à sa maman, enfant gâté, bien éduqué qui devient peu à peu une graine de potence sous l’influence pernicieuse d’un père sans foi ni loi.
Ce récit traite de cette dérive qui m’amène après de multiples larcins à rendre des comptes à l’injuste justice des hommes et à la divine, plus radicale et définitive.

😇


– Ah oui... mon nom est « Monbb » ou « Monbobb » en style SMS. En fait c’est Blaise-Basile, mais personne ne m’a demandé mon avis. Je tète, je dors, je pleure et je retète – toujours dans cet ordre – c’est ainsi que les jours s’écoulent, enfin, je suppose, car je n’en ai aucun souvenir.
Déjà 6 mois que je suis arrivé, mon « compteur-enregistreur de vie qui passe » commence à fonctionner par intermittence.
Souvenirs, rêves ou réalité, vous savez, à cet âge, c’est pareil, il n’y a pas encore de différence.
Je passe mes premières années à jouer avec ma petite copine Isabelle. Notre terrain de jeu, la place devant la cathédrale St. Pierre, nous sommes les seuls à occuper le terrain avec trottinettes et tricycles, sur ces pavés brillants patinés par les siècles. 


Cours St. Pierre à Genève

Souvenirs…Souvenirs :


Les premiers souvenirs  gravés sur la bande image de ma mémoire, – j’ai bien le son, mais je ne comprends pas son fonctionnement – surgissent à l’occasion de l’invasion de ma chambre par d’énormes créatures noires luisantes et vociférantes, brandissant  des lances acérées.  Ils percent le plafond d’ou jaillissent des flots de liquide noirâtre. Je suis couché dans mon lit, intrigué, mais pas terrifié, je ne connais pas encore la peur, tout à coup une de ces formes inconnues s’approche de mon lit, me saisit dans ces tentacules gluantes et m’emporte. Je ne vois plus rien, je ne peux plus respirer, j’ai froid , je suis mouillé et je tombe dans  un trou… noir cette fois. À non ! je n’ai pas fait tout ce voyage pour repartir déjà, va falloir de nouveau attendre mon tour pendant un temps infini, et en plus avoir la chance de tomber sur un bon karma.




Des années plus tard, oui oui, finalement je suis toujours là !! sachant qu’un bébé de 6 mois ne fait pas de rêve, j’ai demandé à ma maman l’explication de ces images tragiques qui revenaient parfois me hanter. Ah me dit-elle : je vois, ce n’était rien, il y avait eu un feu de comble, et les pompiers son venu dans ta chambre percer le plafond pour permettre à l’eau de s’écouler et l’un d’eux vêtu de son ciré noir, t’a emporté dans ses bras mouillés.

😨



Premier départ pour l’Afrique, sur le paquebot “Abbé Faria“. Avec une escale au Château d’If. 



Château d'If

Vous me voyez, là, assis sur le bastingage entre ma maman et mon… c’est qui celui-là, c’est pas mon papa.




Papaoutai ?  

Écoutez : Stromae




Dis maman? Il est ou mon papa ? En voyage, je t’expliquerais plus tard.


Tobias mon papounet à moi, c'est lui, en 1930, j'étais pas né.




En voiture PIC-PIC mon papa est actionnaire  de cette marque Genevoise (Pictet & Pictet).


C’est moi, là… dans la voiture avec mon père en 1937

Maman est toujours présente, mais papa, pas !
– Dis… maman il est où papa ?
– Là… d’un air entendu, levant les yeux et pointant le doigt en direction du plafond…
– Il est occupé au premier étage. 
– Y fait quoi ? 
– Il joue avec d’autres messieurs.

– Il joue à quoi ? Aux dés, non aux cartes, c'est le poker, je crois.

– Ça a l'air marrant !!



– Moi aussi, maman, je veux être joueur quand je serai grand.







C’est l’été 1939 que les grandes manœuvres ont commencé, pour nous et pour beaucoup d’autres…
Mais là, ça ne joue plus. Rien ne va plus, il y a de la bagarre dans l’air !
– Je vais déménager – m’annonce maman – dans une grande maison à la campagne.
– Ton père, enfin Tobias (ah… c’est plus mon papa ?) va s’occuper de toi quelque temps. Tu vas partir à la montagne, pour tes bronches, dans une école d’altitude. – Il est vrai que j’ai souvent des bronchites –.
– Quand ? Combien de temps ?
– Dimanche…Tobias va t’accompagner avec la voiture. 
– Pas longtemps.
Je suis sonné, il y a anguille sous roche, c’est pas normal.

– Mais… mais… et mes livres, et Isabelle, et mon chien Sloughi ?


***

Je prends conscience brusquement que je n’ai pas revu papa depuis pas mal de temps.
– Il est où papa ? 
– En voyage.
Le dimanche 17 septembre 1939 à 10 heures du matin, j’attends mon père seul sur les marches de la cathédrale Saint-Pierre une grosse valise en osier à mes pieds. Maman surveille depuis la fenêtre de la cuisine. 
– Je ne tiens pas à revoir ton père me dit-t-elle. Tu comprendras quand tu seras plus grand. – Toujours la même rengaine –.
Vroummm... Une grosse voiture noire et blanche avec un long capot et des tuyaux brillants qui sortent de chaque côté du moteur surgit sur la place et s’arrête pile devant moi. Papa, impeccable dans un complet gris clair, en descend rapidement, se saisit de ma valise, la lance sur le siège arrière. 
– Allez, monte devant et assied-toi, je suis pressé et nous avons une longue route à parcourir.
Nous prenons la route Suisse. Il n’y pas de circulation, papa conduit à fond la caisse. À Villeneuve au bout du lac, il stoppe la voiture devant un restaurant où un monsieur en casquette vient nous ouvrir la porte.
– Salut Gustave.
– Bonjour Monsieur Le Wenk, suivez-moi je vous ai réservé une table sur la terrasse face au lac.
– Viens Blaise, allons manger.
J’en reviens pas, quelle aventure. Papa est un homme important, le directeur vient nous saluer, et nous demande ce que nous voulons manger. C’est comme dans les livres. 
– Donnez un menu à mon fils ! oui.. oui... Il sait lire.
– Tu choisis ce que tu veux dans la liste.
– Papa, y a pas de purée ! J’aime bien la purée de pommes de terre.
– Et du foie de veau, j’aime, c’est tendre, maman en fait souvent, c’est bon pour les enfants, elle dit.
– De la purée ! Bien, nous allons en préparer. Pour le foie, nous avons que du foie de volaille.
– Très bien, ça ira, d’accord Blaise ?
– Oh oui papa… dis papa, je vais rester avec toi toujours ?
– Non pas pour le moment je vais être très occupé ces prochains mois.
– Tu sais qu’il va y avoir la guerre ?
– Quoi… pourquoi ? Ici… chez nous ?
– Non, enfin je ne crois pas, la Suisse est un pays neutre, mais avec les boches, on ne sait jamais.
– C’est qui les boches ? Les Allemands.
– Tu vas être soldat aussi ?
– Non… pas moi.
– Tu veux quoi comme dessert ?
– De la crème fouettée avec de la glace.
T’as raison, profites-en, c’est probablement la dernière fois que tu peux en manger.
– Bon… faut y aller maintenant, nous avons encore de la route à faire.
Et c’est reparti, à gauche des vignes et des vignes, à droite une grande rivière tumultueuse, papa me dit que c’est le Rhône. Moi qui croyais que le Rhône se trouvait à Genève !
Sierre – devant nous se dresse une pente vertigineuse, où l’on distingue vaguement une route en lacet avec des virages en épingle à cheveux qui semble rejoindre le ciel.
La route tourne sans arrêt, je suis malade.
– Papa arrête la voiture, j’ai envie de vomir.
Père prend un air excédé, mais stoppe la voiture. Je vomis. Dommage un si bon repas !
Il est 16 heures lorsque nous arrivons enfin, à l’entrée d’un village, un écriteau indique « Montana-Crans ». 
– Voilà t’es arrivé. La voiture stoppe devant un grand hôtel, sur le fronton je peux lire « Grand Sanatorium Genevois ». Un portier en blouse blanche nous ouvre la porte.
– Bonjour, Monsieur, vous avez rendez-vous avec un médecin ?
– Non… non c’est pour mon fils.
– Ah bon… alors ce n’est pas là, c’est le bâtiment que vous voyez là en contrebas, c’est écrit dessus  ; « École d’altitude  Genevoise».
Je vais y rester plus d’un an, triste et désespéré, mais j’ai appris à skier, à conduire un bob sur la piste de glace qui se trouve derrière le bâtiment et même à écrire.
Un jour du printemps 1941 le directeur vient m’annoncer que mon père va venir me chercher. – Prépare tes bagages et tiens-toi prêt.
Le repas de midi terminé, je me rends devant le porche d’entrée tenant ma valise à la main gauche et mes skis dans la droite. J´attends avec impatience l’arrivée de mon papa.
En début d’après-midi une voiture vert olive conduite par un chauffeur en tenue militaire s’arrête devant moi, mon père dans un impeccable complet civil en descend.
– Salut, mon fils, t’as bonne mine - dit-il en me pinçant la joue.
Il m’embrasse rapidement, saisit la valise et mes skis et enfourne le tout dans l’immense coffre de la Mercedes de l’armée. Nous montons tous les deux dans la voiture, et nous nous installons sur la large banquette arrière. S’adressant au chauffeur; 
– Roule Karl... direction Genève.
Je suis ému et intrigué, les questions se bousculent dans ma tête, mais je reste silencieux, papa également.
Karl conduit prudemment et prend lentement les nombreux virages en épingle qui jalonnent la dangereuse route de montagne de Montana à Sierre dans la plaine du Rhône. 
Cette fois je ne suis pas malade, je suis tellement heureux et fier, mon papa doit être colonel ou capitaine, mais pourquoi il n’a pas des galons d’or ?
N´y tenant plus, je me lance...
– Papa… pourquoi t’es pas habillé en militaire et que tu as un chauffeur et une voiture militaire ?
– Je travaille à l’intendance, je fournis de l’alimentation pour l’armée.
– Ah… !
– J’ai acheté un moulin avec un ami, à Carouge et nous livrons de la farine et du blé à l’armée suisse pour fabriquer du pain pour les soldats qui sont mobilisés. C’est un commerce très important et primordial.
– Ah… !
– Tu sais qu’il y a une grande guerre partout, en France, en Pologne, en Allemagne, mais heureusement pas encore chez nous. Mais par précaution le gouvernement a nommé un commandant en chef de l’armée Suisse, le Général Henri Guisan et a mobilisé tous les hommes valides pour surveiller et défendre le cas échéant la frontière, tu comprends ce que je te dis ?
– Eh… oui papa.
Je lis les écriteaux bleus qui annoncent les localités : Sierre - Sion - Martigny - Montreux - Lausanne. Karl s’arrête à Ouchy dans une station d’essence pour faire le plein et nous reprenons la route – St. Prex - Nyon - Versoix et Genève.
Nous arrivons en ville de Genève par la rue de Lausanne, passons devant la Gare Cornavin, traversons le pont de la Coulouvrenière et longeons la plaine de Plainpalais par l’Avenue du Mail. Puis tournons sur le pont de Carouge pour enjamber l’Arve jusqu’au Rondeau, terminus des trams 12. Encore 500 mètres nous ralentissons devant un grand bâtiment gris, d’où s’échappe un nuage de poussière blanche.
– Là tu vois… c’est mon moulin « Le Moulin de Carouge ». C’est là où je travaille. Nous fournissons de la farine pour l’armée. (un jour, vous les jeunes, vous y danserez - Moulin à Danse- ). 5 minutes plus tard… la voiture stoppe devant un portail de fer forgé en forme d’arc recouvert de magnifiques roses. Un écriteau émaillé indique « Villa les Tourelles ». 

Villa “Les Tourelles“.

Plusieurs coups de klaxon intempestifs font accourir maman, j’ouvre la portière et descends rapidement.
– Maman... maman. Je me jette dans ses bras et l’embrasse... encore... encore.
Quand les effusions sont terminées, je me retourne, ma valise et mes skis sont sur le trottoir, la voiture verte a disparu… mon papa également.
C’est ainsi que commença ma nouvelle vie. J’ai aussi un nouveau papa, il s’appelle Marcel, je ne l’ai vu qu’une fois, il est sous les drapeaux, mobilisé quoi….
La nouvelle maison de ma maman est magnifique. Un splendide jardin rempli de fleurs, des roses et d’énormes massifs de dahlias roses et bleus sur le devant.
À l’intérieur de la maison, un grand salon avec une véranda vitrée qui donne directement sur l’arrière de la propriété où se trouvent plusieurs arbres séculaires gigantesques.
Au milieu du salon, trône un piano à queue, laqué noir, dont le couvercle est ouvert, ce qui permet de voir les cordes et le mécanisme intérieur. 


Au milieu de la pièce un empilage de caisses en bois marquées au chablon noir ;
« Pellichet - Déménagement ».

Apparemment ma mère vient de d´emménager.


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 DE LA GRAINE DE POTENCE











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